On dit qu’il y a hypothermie, lorsque l’on constate par mesure rectale, une baisse de la température du noyau central au-dessous de 35°.
GENERALITES
L’homme est un homéotherme, c’est-à-dire que son organisme est fait pour fonctionner à une température constante d’environ 37°. Tout degré en plus ou en moins se traduit par des bouleversements physiologiques.
Ces bouleversements inconscients régulent en permanence la température du noyau central constitué du cœur, du foie, des reins et d’autres organes dit, nobles. Cette régulation se fait au détriment de l’enveloppe, c’est-à-dire les groupes musculaires, la peau, les os. La communication thermique entre ces deux zones est réalisée par le sang.
Ce principe est à retenir car il permet de comprendre les phénomènes liés à l’hypothermie ainsi que ceux liés aux gelures et aux pathologies de la chaleur. L'eau est le carburant de l'homéothermie.
Quand nous nous trouvons en atmosphère froide et que notre organisme agit pour relever la température, cette régulation porte le nom de thermogenèse. Si au contraire nous devons évacuer un trop plein de chaleur, cette régulation porte le nom de thermolyse.
La thermogenèse :
C’est la faculté que possède notre organisme à créer de la chaleur pour combattre la baisse de température du noyau central, la thermogenèse agit par l’intermédiaire de :
- L’augmentation des combustions
L’organisme puise dans les réserves et brûle du combustible (sucre, graisse) dans le but d’élever la température.
- Le frisson thermique
Le principe est simple, un muscle en mouvement produit 4 fois plus de chaleur que d’énergie mécanique. Le frisson n’est autre qu’une vibration musculaire commandée par l'hypothalamus dont le but essentiel est de produire de la chaleur. Son efficacité est très limitée tant dans son intensité que dans le temps. En dessous de 32° de température corporelle, le frisson s’arrête.
- La vasoconstriction
Les vaisseaux sanguins se ''contractent'' pour diminuer le débit sanguin vers la périphérie et garder un maximum de sang chaud dans le noyau central.
Attention !
Si le frisson réchauffe le corps, il puise dans les réserves pour le faire. De fait, le frisson épuise l'organisme et un organisme qui s'épuise est un organisme qui paradoxalement, résistera moins bien au froid. Dès que le frisson apparait il faut rapidement juguler la baisse de température. Sans cela, l'organisme va s'épuiser et le froid s'installer durablement.
A savoir !
Notre organisme combat mieux la chaleur que le froid. Se protéger avant d'avoir froid est donc une priorité.
La thermolyse :
Le phénomène est expliqué dans l'onglet - Hyperthermie
Les différents degrés d’hypothermie :
- De 37° à 35° = tout va bien mais apparition du frisson thermique ponctuel
Il n’y a pas hypothermie.
- De 35° à 32° = hypothermie légère, le frisson devient permanent
Le sujet est lucide. Il y a chair de poule.
Le rythme cardiaque et la ventilation augmentent.
- De 32° à 28° = hypothermie sévère, le frisson a disparu
Le sujet divague, perte progressive de la conscience.
La fréquence respiratoire diminue.
Il y a contraction des muscles.
- De 28° à 25° = hypothermie majeure
Etat d’inconscience et de mort apparente
- Moins de 25° = hypothermie mortelle
Coma (pas de pouls)
Sans thermomètre, on peut néanmoins avoir une idée assez approximative de la température du corps.
- Au-dessus de 35° on frissonne ponctuellement (pas d’hypothermie)
- Au-dessous de 35° on frissonne constamment (hypothermie légère)
- Au-dessous de 32° le frisson disparaît (hypothermie sévère)
Quelle réaction face à l’hypothermie ? :
Nous ne traiterons pas des 3 derniers degrés de l’hypothermie qui nécessitent l’intervention de médecins spécialisés en milieu hospitalier. L'appel des secours est la priorité.
Quand la température est encore au-dessus de 32° (frisson permanent donc, hypothermie légère) et la personne est consciente, il faut la soustraire au plus vite à l’action du froid et la réchauffer.
- Enlever les vêtements mouillés si c’est le cas.
- Frictionnez-la avec vigueur.
- Mettez lui un bonnet, des gants, des chaussettes, un tour de cou
- Positionnez-la devant le feu et enveloppez la dans un duvet ou des vêtements chauds et secs.
- Donnez-lui des boissons chaudes.
Si le refroidissement a été rapide (chute dans l’eau froide) réchauffer en l’immergeant dans un bain à 40° … mais cela est peu probable dans un refuge de montagne ou un abri de fortune.
Attention !
Si une personne ne frissonne plus, la température est au-dessous de 32° (hypothermie sévère). Dans ce cas, ne surtout pas la frictionner car risque d’arrêt cardiaque. Pour s’en rappeler il y a un bon moyen, plus de frissons = plus de frictions. Évitez même de déplacer la victime sauf si cela s'avère absolument nécessaire.
À savoir !
- La température ambiante diminue d’environ 1° tous les 150m d'altitude.
- À température égale, on se refroidit 20 à 30 fois plus vite dans l’eau que dans l’air. C'est pour cela que l'on ressent plus le froid dans une atmosphère humide.
- Toute activité musculaire produit 4 fois plus de chaleur que d’énergie mécanique. C'est pour cela qu'il faut bouger lorsqu'on a froid ... sauf lorsqu'on est dans l'eau où là au contraire il faut bouger le moins possible.
Idées fausses !
- ‘’Par temps froid, on n’a pas besoin de boire beaucoup’’
Une atmosphère très froide est souvent sèche (sommets, pôles, ...) elle commande donc de boire beaucoup. De plus, l'eau est le carburant de l'homéothermie. Ne pas boire c'est se refroidir.
- ‘’L’alcool, ça réchauffe’’
Oui mais pendant un très court instant. Par la suite, l’alcool endort le système de régulation thermique et vous refroidit.
Comment se préserver du froid ? :
Malgré les avancées technologiques dans le milieu du textile et l’arrivée sur le marché depuis plusieurs années de matériaux performants, il n’est pas possible de se préserver à 100% du froid. Comme il n'est pas toujours aisé de se réchauffer, le mieux est de ne pas se refroidir. Pour cela il faut connaitre les phénomènes qui engendrent le refroidissement :
Par conduction : Contact direct avec une surface froide.
- On évitera de tenir son piolet froid sans gants.
- On évitera autant que possible le contact direct avec la neige, la glace, l’eau.
- On isolera du sol une personne victime d’un accident avant de l’allonger.
Par convection : Le vent qui favorise le refroidissement.
Le vent est, avec l’humidité, un facteur aggravant du froid. Il convient de s’en protéger par tous moyens. Il accélère de façon parfois dramatique le refroidissement du corps. À ce sujet, il faut faire la différence entre, ‘’la température réelle’’ et ‘’la température ressentie’’.
Le vent n’abaisse pas la température ambiante, quand il fait -20° sans vent, il fait -20° si le vent souffle. Ce qui varie par contre c’est la température que l’on ressent et la vitesse de refroidissement. Cela s’appelle l’effet Windchill.
Par radiation : Le corps humain rayonne et perd ainsi de la chaleur.
Protéger la tête, le cou, les mains avec des textiles de qualité. Près de 75% de la chaleur s’évacue par-là (près de 50% rien que par la tête). Lorsque vous ressentez un léger froid, ne mettez pas une veste mais un bon bonnet bien chaud et un tour de cou et vous verrez.
Par évaporation : Transpiration.
Le tableau Windchill :
Il met en évidence l'effet aggravant du vent sur la température réelle ressentie par notre organisme.
Pour une personne parfaitement habillée exerçant une activité physique :
- En bleu, le froid ne présente pas de risque particulier.
- En jaune, le risque lié au froid devient réel.
- En rouge, le risque devient mortel.
Le facteur de refroidissement :
Ce tableau, qui peut sembler complexe, représente en chiffre, le refroidissement de l'organisme en watt/m2 dans certaines conditions de froid ET de vent. Il est important dans l'apparition des gelures.
Exemple :
- Une température de -10° et un vent de 40km/h = refroidissement de 1625 watt/m2 : La peau nue peut geler
- Une température de -20° et un vent de 60km/h = refroidissement de 2125 watt/m2 : La peau nue gèle en 1 à 3 mn.
- Une température de -25° et un vent de 70km/h = refroidissement de 2375 watt/m2 : La peau nue gèle en moins d'1 mn.